mercredi 9 janvier 2008

Naufrages: la mer est une maîtresse impitoyable..


Sauf sur les couvertures des magazines de voyages,
la mer ne reste pas souvent longtemps d'huile comme une peinture..



Quand la mer se déchaîne, ceux qui sont dessus "dégustent sec." J'ai toujours aimé le gros temps, sauf les premiers jours en mer après une escale bien .. philosophiquement studieuse :-) Certains navires tenaient mieux le gros grain que d'autres. Avec le A963 Spa, par exemple, lors de l'accompagnement de la course Oostende-Helgoland-Oostende en 1986, on n'est pas passé loin d'une cata', la coque étant pourrie jusqu'au trognon. C'était pourtant moins dangereux que pour la pêcherie. Car le métier de marin pécheur est le plus dangereux qui soit. Rappelant brutalement cette vérité, le naufrage de la "P'tite Julie" ce lundi 7 janvier 2008 ouvre tristement l'année pour les marins, bretons ou non.



sources (c) radio 1, 2



lundi 7 janvier 2008 AFP
Lundi à l'aube, "La P'tite Julie", du port d'Erquy, dans les Côtes d'Armor, un chalutier de 24 mètres immatriculé à Saint-Brieuc, faisait naufrage. L'équipage du chalutier était composé de 4 marins Français et de 3 Portugais. L'appel de détresse de "La P'tite Julie" a été reçu vers 5h00 par le Centre opérationnel de sauvetage (CROSS) de Corsen (Finistère).
Le navire, qui a coulé, se trouvait à une cinquantaine de km au large du phare de l'île Vierge (face à l'Aber Wrach', nord du Finistère). Le CROSS a aussitôt demandé à 3 navires de commerce et à un bateau de pêche de se dérouter sur la zone de l'accident. Un bâtiment de sauvetage de la Marine nationale, l'Argonaute, 3 hélicoptères de la Marine, un hélicoptère de la sécurité civile et un avion Falcon 50 de la Marine participent aux recherches. Un hélicoptère de sauvetage britannique Sea King a rejoint le dispositif de secours lundi matin.


L'Argonaute

Sylvain Le Berre, porte-parole de la Préfecture maritime, a précisé que "les conditions sont difficiles, la mer est très formée, avec une forte houle avec des creux de 4 à 5 mètres, ce qui rend les recherches difficiles."
Les secours ont rapidement retrouvé 2 canots de sauvetage vides. Peu avant 8h00, un des 7 hommes d'équipage, de nationalité portugaise a été repêché par les sauveteurs.
Ce marin portugais, David Dourado Marques, seul rescapé du naufrage du chalutier "La P'tite Julie", est un miraculé : "On l'a aperçu presque par hasard, alors qu'on s'apprêtait à repartir", raconte le militaire, commandant de la flottille 32 F basée à Lanvéoc-Poulmic, dans le Finistère, au sujet du sauvetage du marin portugais du chalutier "La P'tite Julie."


L'unique rescapé du naufrage de la "P'tite Julie." (TF1)

Vers 5h du matin lundi, juste après l'appel de détresse du chalutier, l'équipage scrutait la zone de naufrage quand un pilote a aperçu le rescapé faisant de "grands signes". Le sauveteur souligne les difficultés que l'équipe à rencontré à repérer quelqu'un dans "une mer blanche qui déferle".
"C'est un grand coup de chance! On peut parler d'un miraculé! C'est la première fois que je récupère un homme à l'eau dans ces conditions", explique le capitaine de frégate Gander, sauveteur à bord d'un Super Frelon. L'espoir de survie dans une eau à cette température est estimé à 3 heures.
Sur Radio Monte-Carlo (RMC), Marc Gander raconte en détail cette opération de sauvetage à hauts risques; il est le pilote de l'hélicoptère de la marine nationale qui a sauvé le marin portugais du chalutier naufragé "La P'tite Julie"
"On l'a repéré vers 7h20. Nous avions décollé de la base de la marine nationale à 6h45, et nous étions arrivés sur zone à 7h10. On a vu une balise qui était éclairée. L'avion Falcon qui était avec nous nous a guidés, et on s'est mis en stationnaire dessus."
"Le copilote m'a annoncé qu'il avait repéré quelqu'un dans l'eau. On a découvert le naufragé dans notre phare. Il était en T-Shirt, accroché à sa bouée. On a aussitôt descendu le plongeur."
"Quand le naufragé est arrivé à bord, sa température avait chuté à 31°, c'est-à-dire en état d'hypothermie. Il nous a tout de suite dit qu'il y avait un deuxième marin avec lui. Mais on n'a rien retrouvé."
"C'est un miraculé. Il est resté 2h30 dans une eau à 10°, en T-Shirt et en caleçon. Dans une eau à cette température, un homme n'a une espérance de vie de 2 à 3 heures."
"Les conditions météo étaient très difficiles. Des creux de 7 mètres, 40 noeuds de vent... On voit mal la tête d'un homme dans ces conditions. En 50 missions, c'est la première fois que je récupère un homme comme ça!"

Parlant du marin miraculé, Sylvain Le Berre précisait à l'AFP : "L'homme était dans l'eau, il est en état de forte hypothermie, très choqué, et il a été hospitalisé à Brest."

D'intenses recherches se sont poursuivies pour tenter de retrouver 4 des 7 membres de l'équipage encore manquants, 2 corps morts ayant été retrouvés dans la matinée.

"Le bateau a coulé par l'avant, pour l'instant il n'y a pas de présomption de collision", a indiqué le commandant Bertrand Hudault, de la Préfecture maritime.


Le commandant Bertrand Hudault, de la préfecture maritime du Finistère, lundi 7 janvier. photo AFP/Fred Tanneau

Les responsables politiques ont demandé l'ouverture d'enquêtes techniques en vue de déterminer les circonstances et les causes de ce naufrage et une enquête judiciaire a été confiée au Parquet de Saint-Brieuc.

"La P'tite Julie" appartenait à l'armement Porcher, c'était un chalutier qui débarquait régulièrement sa pêche dans le port d'Erquy. L'armement possède une flottille d'une quinzaine de chalutiers de 18 à 35 mètres, précise le site internet de l'entreprise.


Au centre en noir, Jean Porcher, l'armateur de la "P'tite Julie"

Jean Porcher est le plus gros armateur des Côtes d'Armor. Il est extrêmement ému par le drame. "Je pense avant tout aux proches des marins disparus et qui sont sous le choc, et qui attendent de récupérer les corps. Je pense aussi aux hommes et j'ai une peine immense pour ces marins qui ont fini leur vie en effectuant un travail aussi difficile..." "Le bateau n'était pas vieux et sortait à peine du carénage. Le patron était aguerri, ça faisait des années qu'il travaillait dans la boîte. Je n'arrive pas à expliquer ce qui c'est passé!"


C'est aussi l'incompréhension dans ce petit port d'Erquy, port d'attache du chalutier "la P'tite Julie."


Le chalutier "La P'tite Julie" (AFP/Alain le Duff)



Dans une entrevue au quotidien "Le Parisien," Greg Abdon, 27 ans, qui a navigué sur la "P'tite Julie" exprime son incompréhension : "C'est difficile à comprendre. Ce genre de chalutier, ça ne coule pas comme ça! Vu les circonstances du naufrage, il a dû percuter quelque chose, peut-être un conteneur ou une bille de bois." "Et pourtant, c'est un bateau qui tient la mer, et surtout un bateau qui est parfaitement entretenu..."

Le Ministre de la Pêche, Michel Barnier, a avancé la thèse de la possible collision lors de sa visite au port d'Erquy (Côtes-d'Armor), alors que les premières nouvelles précisaient qu'il n'y avait pas eu d'autre sortie dans la zone au moment du naufrage.


Michel Barnier, ministre de l'Agriculture (Miguel Vidal/Reuters)

"L'enquête est en cours et va conduire à aller voir l'état de la coque qui se trouve à 80 mètres sous la mer. Ce qui se dit c'est qu'il n'y a pas eu de collision. On en aura le coeur net quand la coque sera inspectée", a déclaré le ministre.




Le métier de marin est "le plus dangereux de tous les métiers avec un mort pour mille marins et 10% d'accident de travail", a rappelé le ministre. Dans le cadre des mesures de sécurité du plan pour une pêche durable, dont les détails seront annoncés fin janvier, "chaque marin sera doté d'une balise de positionnement individuel et cette mesure sera financée à hauteur de 75% par l'Etat".
Le ministre a ensuite pris la route pour Brest, afin d'y rencontrer le rescapé du naufrage hospitalisé puis des sauveteurs qui participent aux opérations de recherches des 4 marins disparus.

Michel Barnier à Brest, auprès du marin sauvé (AFP - Mardi 8 janvier, 17h38)

A présent, l'épave du chalutier qui a coulé lundi gît par 80 mètres de fond. Elle devrait être inspectée prochainement par un robot sous-marin tandis que toute la flottille de l'armement du chalutier naufragé est rentrée dans la nuit mercredi au port de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). La Préfecture maritime de l'Atlantique a indiqué ce mercredi qu'elle attendait une "demande imminente" du Parquet de Saint-Brieuc pour activer des moyens maritimes destinés à filmer l'épave du chalutier. Il s'agira alors de "trouver la bonne fenêtre météo" car le PAP (robot sous-marin) qui sera mis en oeuvre par la Marine ne peut évoluer efficacement qu'avec "une météo et des courants favorables". La chasseur de mines chargé de cette mission, probablement l'Eridan, ne quittera Brest que lorsque cette fenêtre météo aura été déterminée, afin de ne pas laisser le navire plusieurs jours en inactivité sur la zone du naufrage.

Quand aux recherches aériennes après les 4 disparus, en fin de ce 9 janvier, on apprenait qu'elles ont été arrêtées (RMC).

Une cérémonie aura lieu samedi matin à Pléneuf-Val-André (Côtes d'Armor) près d'Erquy, pour les obsèques des 2 marins dont les corps ont été retrouvés. Quatre autres marins - 2 Portugais et 2 Français - sont toujours portés disparus. Mémoire éternelle.


sources textes : breizhoo.fr, news.yahoo.fr, lepost.fr, france24, lemonde.fr, etc
sources & (c) photos : news.yahoo.fr, pascal665.blogspot.com, cent.ans.free.fr, etc

A (re)lire / (re)voir :

L'Abeille-Flandre ou le sauvetage maritime même par mer déchaînée :
http://zm-fn.blogspot.com/2007/11/labeille-flandre-sauvetages-par-force.html

Le sauvetage maritime en Allemagne (autre site & auteur)
http://www.marine-marchande.net/groupe%20mar-mar/Documents/Le%20Mens/DGzRS/Sauvetage.htm





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